ASPECTS EPIDEMIO-CLINIQUES ET PRISE EN CHARGE DES AGRESSIONS SEXUELLES A L’HOPITAL ROI BAUDOUIN DE DAKAR : A PROPOS DE 140 CAS

Résumé

Objectif : Evaluer le profil épidémio-clinique et la prise en charge des agressions sexuelles à l’Hôpital Roi Baudouin de Guédiawaye (Dakar, Sénégal).

Matériel et méthodes : Il s’agissait d’une étude rétrospective, descriptive et analytique qui s’étendait du 23 Janvier au 19 Décembre 2012 portant sur 140 victimes d’agressions sexuelles ayant déclarée avoir subi des agressions sexuelles et celles reçues sur réquisition judiciaire pour agression sexuelle. Nous avions étudié les caractéristiques sociodémographiques de la victime, le statut professionnel, le statut matrimonial, l’adresse, les données cliniques et paracliniques de l’agression, les aspects thérapeutiques, les aspects judiciaires, les informations sur l’agresseur et les données sur l’agression. Les données collectées étaient saisies grâce au logiciel épi info 3.5.4  et une analyse a été faite à l’aide de ce logiciel.

Résultats : Le profil épidémiologique de nos patientes était celui d’une victime de 12,33 ± 6,28 ans, nulligeste (76,4%), habitant la banlieue dakaroise (97,9%), d’ethnie wolof (48,6%), élève (51,4%), célibataire (72,1% ), en activité génitale (47,9%). Les agressions sexuelles étaient survenues dans la journée (73,6% des cas), au domicile familial de la victime (29,3%), en solitaire (84,3%), par la force physique (70%) et par un contact génito-génital (79,3%). Les victimes connaissaient leurs agresseurs dans 75% des cas et n’avaient pas de lien de parenté dans 56,4% des cas. Les victimes avaient consulté en moins de 24 heures dans 30% des cas. Elles étaient accompagnées de leurs parents dans 42,8% des cas. Les habits rapportés étaient propres dans 84,4% des cas. Seuls 1,4% des victimes avaient présenté des lésions de lutte. La présence de sperme et de sable était retrouvée chez une victime (0,7%). Les caractères sexuels secondaires étaient présents dans 54,4% des cas. Le test à la sonde était positif chez 57,1% des victimes. Les lésions hyménales étaient anciennes dans 40% des cas et récentes dans 22,1% des cas. Des examens paracliniques étaient demandés chez 86,4% des patientes. Sur le plan thérapeutique, une contraception d’urgence était instaurée chez 20,7% des victimes, une antibiothérapie chez 40% des patientes, la prophylaxie anti VIH n’était pas conforme aux recommandations et seule 5% des victimes avaient bénéficié d’un suivi psychologique. Par rapport à l’aspect judiciaire, la réquisition n’était reçue que dans 50,6% des cas. 

Conclusion : Les agressions sexuelles posent un véritable problème de santé publique. Ce phénomène, préoccupant en raison de son ampleur et de ses conséquences, nécessite une prise en charge précoce, adéquate et pluridisciplinaire.